Fatiguée après une longue journée de marche à travers la forêt, assaillie pendant plus d’une heure par un écureuil qui me lançait des glands sur la tête et me regardait de tout son orgueil, j’arrivai finalement en vue d’une cabane. Visiblement abandonnée, je m’en approchais discrètement quand la porte s’ouvrit brusquement. Un sanglier géant en sortit, le groin recouvert d’une étrange gelée rouge et à l’odeur sucrée. En me voyant, il émit un grognement de colère. Visiblement, il m’avait entendu approcher et je l’avais dérangé pendant son repas. Il baissa la tête, ses défenses en avant, et fonça la tête baissée vers moi en grognant. Tendant la main devant moi : « Protecteur de Flamme ! » hurlai-je. Aussitôt, un bouclier de flamme se dressa entre la créature et moi, l’aveuglant suffisamment longtemps pour que je puisse me retrouver dans le dos de mon ennemi. Concentrant mon énergie, j’assemblai dans ma main l’énergie des flammes. Une sphère rougeoyante y apparut rapidement. Le sanglier revenant à la charge, je me concentrai et lançai mon sort. Mon ennemi, la face brûlée, émit un hurlement de douleur. J’aurai pu en finir là et le laisser, aveugle et souffrant pour le reste de sa vie, mais je ne pus m’y résoudre. Après tout, j’étais la seule responsable de ce qui arrivait à cette créature. Aussi, j’assemblai l’énergie du feu en ma main et l’y concentrai pour que mon attaque soit fatale. Puis adressant une prière aux dieux pour la paix de l’âme de cette pauvre créature, je lançai mon sort, qui alla frapper le flanc de la bête qui s’effondra en fumant….
« Holà ! Voyageul ! » Alors que je remettais l’esprit de ma victime aux esprits, un vieil ermite m’interpella. Gildas était son nom et longue était sa barbe blanche. « Salutation vieil homme », lui dis-je en m’inclinant. Me rendant mon salut, il demanda « Qu’est-ce que tu viens faile sul les telles du vieux Gildas ? »
-« Eh bien, lui répondis-je, je souhaitais me reposer dans cette cabane avant de continuer ma route ».
Ouvrant de grands yeux comme si je l’avais traité de fils d’ogre orphelin, le vieil homme répondit : « Ah non ah non ! C’est la cabane du vieux Gildas ! Pour y dolmil, il faudla méliter ! »
Il me mena alors, tout en débitant un discours sur l’élevage des poulets à plumes violettes ; à un enclos, ouvert et vide… « Un loup, gémit le vieil homme, un loup enlagé est entlé et à fait se sauver tous mes beaux poulets… letlouve les voyageul, et tu selas mon hôte poul le lepas et le nuit ! »
Je me mis alors en quête des poulets violets du vieux gildas, d’avantages motivée par l’idée d’un repas que d’une nuit dans la cabane de ce vieil homme puant et à la prononciation douteuse.
Je retrouvais, avec plus ou moins de difficulté, les trois premiers d’entre eux. Effrayés dans cette forêt hostile, ils s’étaient cachés sous les racines d’un vieux saule. Pas de chance pour eux, leur plumage violet n’offre pas un camouflage idéal dans une forêt. Je ramenai donc les trois premiers poulets à leur enclot, en me rendant compte à quel point il est difficile de transporter ces gallinacés… Aussitôt après les avoir déposés, j’entendis des caquètements dans mon dos. Deux autres poulets se trouvaient au pied d’un arbre. Concentrant mon énergie, j’invoquai un bouclier gardien de flammes au dessus des volatiles et l’abattit violemment. Lorsque je dissipai le sort, il ne me restait plus qu’à ramasser les deux bestioles à plumes assommées par la chaleur. Cela faisait 5 poulets de retrouvés. Plus que trois à retrouver dans cette forêt…Je m’enfonçai alors dans les ténèbres de ces bois, guettant le moindre caquètement. Entendant un bruit, ce n’est pas un poulet mais un loup que je découvris derrière moi. Les babines dégoulinantes, la pauvre bête semblait enragée et affamée, à tel point qu’elle se rua sur moi. L’évitant de justesse, j’invoquai un éclair aveuglant, rendant mon adversaire inoffensif, du moins assez longtemps pour que j’invoque une sphère de flammes dans chacune de mes mains. Lorsqu’il revint à la charge et tenta de me happer, je lui lançai mon sort dans le flanc et la gorge. La pauvre créature s’effondra à mes pieds, du sangs fumant coulant de sa gueule entrouverte…Etrangement, je vis alors les trois poulets manquant s’approcher du corps fumant. Peut être la chaleur et les flammes leur avaient rappelé le foyer du vieux Gildas. Cependant, si les voir est une chose, les attraper en fut une autre. N’ayant plus de sorts de flamme à ma disposition, je dus courir et assommer chaque volaille à l’aide de mon bâton. Mon butin sous le bras, je rentrai alors chez le vieux Gildas, qui m’attendait en grommelant devant sa porte. Ce soir là, je pris un des pires repas de ma vie, et quand le vieillard me proposa de rester pour la nuit, je ne fis pas de manière et m’enfuis après l’avoir aveuglé.